Au Pays des Hommes intègres

A la date du 8 octobre 2019,  il y avait 486 360 PDI au Burkina Faso. L’expression Personne Déplacée Interne, ou PDI, correspond aux personnes qui ont quitté leurs maisons et se sont réfugiées dans une autre zone, mais sans traverser de frontière. C’est un statut différent d’un réfugié qui a traverser une fronitères pour fuir les violences et qui est reconnu par le droit international et donc soutenu par des organisations internationales comme les Nations Unies.

Les personnes déplacées internes, elles, obtiennent difficilement le soutien de leur Etat, d’autant plus si celui-ci rencontre des difficultés économiques ou politiques. Elles passent aussi plus facilement sous les radars médiatiques et les organisations humanitaires doivent se battre pour obtenir des fonds pour les aider. Malheureusement, ce nombre de PDI augmente sans cesse, au Burkina et dans les pays limitrophes. Il résulte bien évidemment des tensions qui existent dans la région suite à l’extension du domaine du djihad et l’augmentation des pillages et des violences faites aux personnes.

L’équipe Zebunet vous propose un podcast de l’émission Interception de France Inter sur l’expansion de ce djihadisme au Burkina Faso et la manière dont l’armée burkinabé et des milices civiles (kogléogos) y font face.

Qui sont ces kogléogos qui font la justice eux-mêmes et assurent le rôle régalien de l’Etat burkinabé ? Accusés de massacres et d’exécutions extrajudiciaires sur le peuple peul, ils profitent du chaos pour faire la loi et désigner des coupables. Les peuls font partie des victimes de ces milices qui les accusent de connivence avec les djihadistes. C’est le prétexte parfait pour en faire les boucs émissaires d’une vengeance communautaire. Le fait que l’élevage et l’agriculture créent des conflits entre éleveurs peuls et agriculteurs d’autres ethnies n’aident en rien. En effet, en raison du pâturage libre, les cultures sont parfois dégradées et les peuls en sont directement tenus pour responsables.

Néanmoins, malgré ces tensions communautaires, nombreux sont ceux qui prônent la tolérance et l’entraide et rappellent les complémentarités entre pratiques agricoles et élevage. La fumure est un engrais organique provenant du bétail, et le bétail est nourri à son tour par les cultures. Rappeler la réalité de cette symbiose est l’une des pistes pour promouvoir l’apaisement.

Le Naba Sigri de Saponé conclut d’ailleurs le podcast avec un message de paix et de tolérance : « Il faut que cette cohésion sociale soit notre café du matin, notre repas du midi et notre repas du soir. »

N’hésitez pas à écouter l’émission en intégralité pour en savoir plus et dénouer les questions de ce conflit complexe qui ne se limite pas seulement à une lutte contre le terrorisme.

Le podcast c’est par ICI !

grégoire bruneteau|mercredi, décembre 18th, 2019